Question à Driss Ghali (essayiste marocain)
Vous notez trois couches successives de l’effondrement, depuis la révolution française jusqu’à aujourd’hui, en passant par Mai 68. Expliquez-nous ?
Driss Ghali : 1789 a expulsé Dieu de la vie politique. 1968 a chassé la notion de Devoir de l’imaginaire collectif au profit de la notion de Plaisir. La révolution en cours, la troisième révolution française donc, va faire la peau à la France tout simplement. Elle fabrique un homme nouveau qui est un étranger chez lui, irréversiblement étranger au pays qu’il habite et dont il arbore les papiers d’identité. Il est soit musulman ou africain et refuse de couper le lien avec sa civilisation d’origine, soit un Français de souche déraciné et acculturé. Il ne sent pas responsable du sort de son pays, il consomme et il le consomme en réalité comme on boit du coca-cola dans un gobelet jetable.
Pire, il est tiers-mondisé et fier de l’être, dans le sens où il ne ressent aucune honte à être gouverné par des cancres et des corrompus, et il ne se révolte pas quand l’Etat démantèle l’école et l’hôpital ; il se contente de recevoir des «chèques énergies» et des «allocations». La preuve : il a tendance à reconduire les majorités qui ruinent son pays et ne cachent même pas leur haine de la France qu’elles veulent remplacer par une lointaine Europe dont les contours évoquent plus un restaurant à kebab que la cour impériale de Vienne…