Petit pastiche matinal – comprenne qui pourra.
Monsieur le Président,
Je vous fais une lettre,
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps.
Les résultats viennent d’arriver,
Du désastre de dimanche passé.
Votre choix de dissoudre l’Assemblée,
En est la cause actée.
On dit que vos conseillers, assurément,
Pensent que ce n’était qu’un événement.
Mais je crois, Monsieur le Président,
Que vous avez provoqué un accident.
Vous n’avez pas de machine de l’avenir,
Pour voir ce qui aurait pu advenir.
Mais laissez-moi vous expliquer,
Pourquoi je crois que vous avez fauté.
On cherche vos raisons, vos tactiques,
Vos emportements enfantins, un peu critiques.
Mais l’erreur me semble si grossière,
Qu’elle est passée inaperçue, c’est clair.
Les résultats étaient prévisibles, pourtant,
Ils auraient dû nous sidérer grandement.
En deux ans, le R.N. a progressé,
Vingt points gagnés, c’est à noter.
Quatre millions en vingt-deux,
Dix millions dimanche, c’est un jeu dangereux.
Usure du pouvoir, 49-3 peut-être,
Mais il y a une explication : une raison d’être
Une élection à un tour, facile à voter,
Pour des propositions, souvent rejetées.
Mais vous avez dissous trop promptement,
Forçant une cohérence dans l’instant.
Vous avez créé un effet d’amorçage,
Comme en science expérimentale, un mirage.
Un stimulus influençant le suivant,
Le R.N. en a profité, assurément.
On vote une fois, on continue,
Pour soi-même, la cohérence venue.
Vous avez rendu poreuse la frontière
Entre les deux élections d’hier
En voulant jouer les grands de l’histoire,
On en ne devient pas de Gaulle par hasard
Mais plutôt Mickey en son laboratoire
Un Fantasia sans gloire
Monsieur le Président,
Vous parlez d’une guerre,
Qu’elle soit civile ou militaire
Gardez-nous en, s’il est encore temps.
Gérald Bronner1
(Publication LinkedIn du 03 juillet 2024)
1. Professeur de sociologie, Membre de l’Académie des Technologies, Membre de l’Académie nationale de Médecine.