Lettre ouverte à Emmanuel Macron

 

Monsieur le Président,

 

Il est des lettres ouvertes que je prends plaisir à écrire : celles adressées à des personnalités que j’admire, que je respecte profondément, voire que j’affectionne tout particulièrement.

Ce fut le cas de la précédente, celle écrite à Jean-Jacques Goldman.

Et puis, il y a les autres, à l’image de celle que j’ai adressée à Jacques Attali, dans lesquelles vous vous inscrivez, Monsieur le Président.

Par où commencer ?

Je tiens à vous dire d’emblée que je ne pourrai écrire tout le mal que je pense de vos actions et de vos paroles envers l’État juif.
Non par manque de mots, mais par retenue : votre fonction m’impose une certaine mesure.

Mais venons-en au fond.

Vos prises de position à l’égard d’Israël sont non seulement clairement hostiles, mais profondément dangereuses pour les Français de confession juive vivant en France.

. Vous avez brillé par votre absence lors de la marche contre l’antisémitisme.

. Vous avez demandé aux États-Unis de cesser leurs livraisons d’armes à Israël, au moment même où Israël luttait pour sa survie.

. Vous êtes allé jusqu’à accuser Israël de « semer la barbarie ». Une déclaration indigne, qui vous a depuis rangé aux yeux d’une très grande majorité d’Israéliens et de Juifs français dans le camp des ennemis d’Israël.
C’est peut-être malheureux mais c’est un fait.

Et voilà qu’aujourd’hui, vous envisagez de reconnaître un État palestinien, alors même que le Hamas, organisation reconnue comme terroriste par l’Union européenne, règne toujours sur Gaza dans la terreur et le sang.

Une décision lourde de sens, et qui est d’ores et déjà perçue par les terroristes du Hamas comme une récompense au pogrom du 07.10.

Ces prises de position ne sont pas sans conséquences.

En France, elles alimentent une extrême gauche qui assume désormais sans détour ses dérives antisémites.

Elles attisent les tensions dans des quartiers déjà à vif, où certains jeunes n’attendent qu’un prétexte pour passer à l’acte.

Inconsciemment, vous leur donnez le signal qu’ils attendent pour s’en prendre aux Juifs.

En fragilisant Israël, vous offrez une légitimité morale et politique à ceux qui rêvent d’affaiblir notre camp, nos valeurs, notre peuple.

Et cela, Monsieur le Président, vous ne pouvez l’ignorer.

Au lieu de multiplier les leçons à l’égard d’Israël, pourquoi ne pas vous inspirer de la fermeté de Benyamin Netanyahou face au terrorisme ?

Pourquoi ne pas concentrer vos efforts sur la France, sur ces territoires perdus de la République où vos services sont aujourd’hui en alerte maximale ?
Vous le savez : ce que nous vivons n’est sans doute qu’un avant-goût de ce qui vient.

Alors, je vous en conjure : soyez à la hauteur de l’Histoire.

Renoncez à séduire un électorat déjà conquis par Mélenchon et sa clique.

Et montrez enfin, cher Président, la dignité qu’exige votre fonction.

Vive la France, et vive la République.

 

Yoan ATTALI

(Post LinkedIn du 17 avril 2025)