LA QUESTION N’EST PAS LA SOUVERAINETÉ
🌍J’entends souvent évoquer la question de la souveraineté en Afrique, alors que ce n’est pas le sujet. Les États africains, tout comme ceux d’autres régions, par essence sont souverains. Cependant, une interrogation légitime se pose : sont-ils véritablement indépendants ? C’est là la véritable question.💡
La souveraineté, dans son acception politique, renvoie au pouvoir et à l’autorité qu’exerce un État sur son territoire et sur ses citoyens, sans ingérence extérieure. Elle englobe le contrôle des lois, des institutions, ainsi que des décisions politiques, économiques et sociales.
En revanche, l’indépendance se définit comme le statut d’un État qui n’est pas assujetti au contrôle ou à la domination d’un autre État. Elle implique la capacité à prendre des décisions autonomes, sans interférence extérieure. Bien que la souveraineté soit un concept plus vaste, englobant le contrôle interne, l’indépendance est davantage liée à l’autonomie vis-à-vis d’autres entités politiques.
Je ne vais pas m’étendre sur la question de la souveraineté, car les États sont souverains par nature. L’atteinte à la souveraineté d’un Etat, c’est par exemple l’espionnage pour le compte d’un autre Etat, ou bien lorsqu’une partie du territoire n’est plus sous le contrôle de l’Etat. Cependant, il convient de se pencher sur la question de l’indépendance. Celle-ci est toujours relative, puisqu’elle est tributaire des relations avec les autres États.
Premièrement, la faible part du commerce intra-africain dans les exportations totales de biens intermédiaires, indicateur indirect des échanges au sein des chaînes d’approvisionnement régionales, ne dépasse pas les 15 % des exportations africaines. Cette réalité constitue indéniablement une faiblesse économique et une dépendance économique trop importante à l’égard des autres puissances.
En outre, le changement de partenaires commerciaux ne garantit pas nécessairement une rupture avec le principe de dépendance. La reliance des États africains sur des partenaires tels que l’Europe, la Chine, les États-Unis, la Russie, la Turquie, etc., persiste, faute d’une vision stratégique à long terme. Il faut compter sur ses propres forces. Pour cela il faut développer l’éducation en lien avec les enjeux de demain (et non de façon abstraite, avec des formations non adaptées à la réalité économique du pays).
Le panafricanisme, tout comme le fédéralisme européen, est plus une aspiration qu’une réalité concrète. Chaque État défend ses intérêts nationaux, ce qui est légitime. Il est donc crucial de se demander si les États ne sont pas excessivement tributaires d’autres puissances pour leur développement économique, au lieu de s’appuyer sur leurs propres ressources et stratégies de croissance. En somme, il est impératif de porter l’attention sur la question de l’indépendance économique, plutôt que de s’attarder sur la souveraineté qui n’est pas un enjeu.
Jérémie Taïeb
(Post LinkedIn du 10 mai 2024)