Harmonie du soir

 

 

Harmonie du soir

 

Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir
Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir
Valse mélancolique et langoureux vertige.

Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir
Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige
Valse mélancolique et langoureux vertige
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.

Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige.

Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir
Du passé lumineux recueille tout vestige
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige.
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir.

Charles BAUDELAIRE (in « Anthologie poétique »)

                         Pont-Croix, 28 décembre 2016