L’innommée
Dans la lumière du jour déclinant,
Dans le clair-obscur du soleil couchant,
Sur les crépuscules qui n’en finissent pas,
Je vois ton nom.
Dans la marée des hommes épuisés,
Dans le flot des femmes harassées,
Sur tous ces êtres qui marchent sans voir le monde,
Je vois ton nom.
Dans les derniers mots du poète hébété,
Dans les accords du musicien déchaîné,
Sur les morceaux de papier qui s’envolent des autodafés,
Je vois ton nom.
Dans la queue basse du chien apeuré,
Dans les poils dressés du chat agressé,
Dans les chrysalides qui ne s’ouvrent plus,
Je vois ton nom.
Dans le regard de celui qui tend la main,
Dans les pleurs du bébé encore au sein,
Dans tous les départs qui n’ont point de destination,
Je vois ton nom.
Dans le seau abandonné au pied d’un toboggan,
Dans la bille qui roule encore sur le trottoir,
Dans tous les espoirs qu’on a abandonnés,
Je vois ton nom.
Je vois ton nom mais je ne te vois plus,
Je vois ton nom mais je ne t’entends plus,
Je vois ton nom mais je ne le crie plus,
A quel moment t’ai-je perdue ?
Eve NAKACH (in « Coups de cœur »)